Fables - Contes - Théâtre
“Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite…”
Macronipuce était un jeune et beau roi qui vivait avec sa
grand-Mère.
Il régnait sur le royaume de Troutrouland voilà
bien des lustres.
Sa grand-mère aimait particulièrement les lustres. Ils en achetaient régulièrement chez un antiquaire et parfois aux marchés aux puces. Lui aussi les trouvait fort seyants car lui même était il lustre.
Il en profitait également pour acheter des puces qu’il dressait à ses heures perdues. C’étaient des puces savantes. Elles avaient beaucoup de mémoire. Elle savaient jouer aux cartes et connaissaient mille tours. Il les mettait dans un grand sac, pensez vous ! Un grand sac à puces !
On appela son royaume Troutrouland car, à son avènement, il fit creuser de grands trous pour ses sujets. « Hop, tous aux trous » avait-il dit. Ses sujets toussaient tous beaucoup,Il voulait les mettre à l’abri des courants d’air bien sur.
Il faut dire que Troutrouland était devenu le royaume des courants d’air. Macronipus était avenant mais colérique. Surtout quand la grand-mère se plaignait de ses vers. Elle était très myope. Elle aimait à rimer mais, n’arrivant à rien, là voilà qui perdait ses verres et criait « Ça ne rime à rien ! Ça ne rime à rien !!! »
Alors il entrait dans une rage épouvantable. Tel Jupiter il pétait des éclairs et faisait de grand moulinets avec ses petits bras, très vite, comme ça. Il brassait alors une telle quantité d’air qu’on aurait dit entendre un ouragan.
Ses sujets avaient très peur. Il cachaient leurs petites têtes dans le sable, au fond des trous et ne bougeaient plus. Il faut que je vous dise, sur ces sujets, qu’ils étaient drôlement particuliers. Ils avaient des pattes de moutons à l’arrière et à l’avant un grand cou d’autruche.
Quand Macronipuce voyait tous ces derrières dressés vers lui, il se calmait d’un coup. Il adorait les fesses de ses sujets, on n’a jamais su pourquoi.
Il advint qu’une grande famine s’abattit sur Troutrouland. Macronipuce ne savait pas que ses sujet devaient travailler pour lui donner à manger. Il avait faim. Les jours passaient et les moutruches, ses sujets, mourraient toutes les unes après les autres… « Sans doutes à cause des courant d’air », se disait-il. Il trouvait le temps long.
Aussi décida-t-il des les soigner. Il leur distribua des fessées. C’était une idée amusante. Cela faisait passer le temps. Mais voilà, les trous se vidaient… Il y avait de moins en moins de fesses à fesser… C’est alors qu’il eut une idée géniale. Il fit écrire par tous les journalistes qu’a Troutroulant, Il y avait pleins de trous pleins d’or. C’était L’or des moutruches bien sur.
Cette annonce fit sensation . On entendit un bourdonnement monter de toute part, un grand BZZZZZZZ. L’or des moutruches était réputé et chacun voulait sa part. Aussi vit-on des aigleoparts, des serpentaires, des rhinolions, des crocals remplir les trous. Plus de famines, ils se nourrissaient du dos des moutruches. C’était un très joli spectacle et Macronipuce était très content. La grand-mêre eut des vers qui rimaient avec bonheur. Mais ce doux bonheur ne dura pas longtemps.
Il ne restait pas assez de moutruches à dévorer et les sujets du monde commençaient à se tourner vers Macronipuce qui était si appétissant ! Ils montrèrent leurs crocs, qu’ils avaient longs. Le roi des moutruches prit peur, la grand-mère aussi. Voulant fuir elle en fila ses bas, se trompa de sens les mis vers le haut… Elle était sens dessous dessus.
Mais Macronipuce avait plus d’une puce dans son sac. Rappelez vous, son sac à puces… Elles n’en pouvaient plus ces pauvres puces de tourner en rond, de faire des boucles dans ce sac : Si, si,si… Le sac s’ouvre… Ou, non, ou, sinon… Il s’ouvre !
Et voilà Macronipuce qui secoue son sac au-dessus des trous jusqu’à la dernière puce ! Des petits malin diraient qu’il secoue ses puces… Passons.
Les puces sont à l’ouvrage et dévorent les sujets du monde ! Pris de rage, ceux ci se jettent sur la grand-mère. Quand on est poli, on commence toujours par la grand-mère avant de passer au dessert. Ainsi péri Macronipuce, mangé par les sujets du monde… Quand aux siens ?
Une fois la tourmente passée, Les quelques moutruches qui restaient ont sortis la tête du sable et dans un grand silence ont quitté leurs trous pour toujours.
Le 26 mai 2020 à Orly,
Astropodes
illustrée par JERC avec son aimable autorisation :
http://www.jerc-tbm.com.
Les Moutruches : Alice